Un 31 juillet à Digoin.
Décès du général Charles Griveaud (1956)

Charles Griveaud appartient à une fratrie de dix enfants, avec deux mères différentes. Sa famille comprend des charpentiers-couvreurs établis à Charolles depuis le XVIIIe siècle.
Le père et le grand-père de Charles Griveaud s'étaient reconvertis dans la charpente industrielle métallique (ponts, chemins de fer, toitures).
Charles Griveaud né à Charolles le 18 février 1877, étudie au lycée du Parc à Lyon, puis est admis à l'École polytechnique en 1898. Il en sort en 1900 et choisit le génie comme école d'application. Il va faire toute sa carrière dans cette arme. Il se marie en 1911 avec Anne-Marie Cimetière de la Bazolles du Poirier, issue d'une famille Bourbonnaise.
Il est capitaine lors de la Première Guerre mondiale. puis il est nommé commandant, affecté à l'état-major. Blessé, il est fait chevalier puis officier de la Légion d'honneur.
En 1924, il est attaché au maréchal Pétain qui aimait s'entourer de jeunes officiers.
C'est avec André Maginot et la construction de la ligne qui portera son nom qu'il va exprimer son talent d'ingénieur.
Il participa à la construction de la ligne, des Alpes jusqu'aux Ardennes, mais ne parvint pas à la faire prolonger jusqu'à la mer du Nord. Il fut invité en 1936 par la Chambre des députés à expliquer la nécessité de la poursuivre,
À la place d'une ligne composée d'ouvrages puissants, de nombreux petits blockhaus furent construits, censés protéger l'armée des assauts des forces ennemies. Il participa également à la construction de la ligne tunisienne que quelques années plus tard, les forces américaines eurent tant de mal à détruire lors de la campagne de Tunisie ainsi qu'à de nombreux ouvrages en Roumanie.
Les besoins en électricité pour alimenter la ligne Maginot l'amenèrent à s'intéresser aux constructions civiles, dans la tradition de son corps inspirée par Vauban. Il travailla ainsi à la première section du Grand canal d'Alsace de 1928 à 1932 et à l'usine hydroélectrique de Kembs. Une médaille commémorative de remerciement lui fut décernée.
De 1930 à 1932, il est chef d'état-major du général Belhague. Il est nommé au grade de général de brigade le 11 juillet 1932. Le 24 octobre 1935, il quitte son poste d'adjoint pour devenir l'inspecteur permanent des fabrications du génie.
Nommé général de division le 23 décembre 1936, il accède le 11 février 1938 aux postes d'inspecteur général du génie et de président du Comité technique du génie, qu'il occupe avec rang, grade et prérogative, de général de corps d'armée.
Charles Griveaud obtient le rang de commandant de corps d'armée avec appellation de général de corps d'armée par intérim en 1938, confirmé au cours de l'année, le plus haut grade de son arme. Il est mis en retraite le 10 mars 1939, à la fois écarté par la limite d'âge et ses dissensions avec le chef d'état-major des armées.
Inspecteur général du génie et des fortifications, il fut également président du Comité technique du génie, Inspecteur permanent des fabrications du gnie, membre au Conseil de perfectionnement de l'École polytechnique, membre du Comité d'études physiques.
Il reçut les décorations de Commandeur de la Légion d'honneur, de commandeur de l'Ordre de la Couronne (Roumanie) et de grand officier du Nichan Iftikhar pour son travail sur les lignes de défenses roumaines et tunisiennes. Il a aussi construit quelques lignes de voies ferrées au Maroc où il est nommé commandeur du Ouissam alaouite.
Le 14 mars 1940, il prend le poste de commandant de la 11e région militaire, dont le quartier-général est à Nantes, jusqu'au 1er juillet 1940.
Au cours de la débâcle, en juin 1940, il fut question un temps de construire une ligne de fortifications en Bretagne pour servir de base à la reconquête de la France, le « réduit breton ». De Gaulle, nouveau sous-secrétaire d'État à la Guerre et à la défense nationale, l'avait espéré et vint de Bordeaux (où le gouvernement était replié) à Rennes pour en voir la faisabilité. Griveaud, d'un caractère tout aussi entier que son cadet, répondit fermement à l'impossibilité d'une telle entreprise. De Gaulle prit le bateau le soir même à Brest pour l'Angleterre.
Il ne défend pas Nantes. Cette décision jugée calamiteuse pour les uns mais pas par les Nantais, l'empêche de faire sauter les ponts sur la Loire qui sont ainsi livrés intacts aux Allemands, de même que les dépôts d'essence, et l'oblige à se rendre faute de troupes.
Il est fait prisonnier de guerre le 19 juin 1940. Il est libéré de captivité en 1941 et ne participe plus alors à aucune décision.
D'abord en séjour obligé en Zone libre, à Charolles, il est ensuite assigné à résidence par l'occupant à Digoin, après l'invasion de la zone libre en novembre 1942. Il fut nommé adjoint au maire de Charolles, suivant les nouvelles lois de Vichy.
Bien qu'ayant juré fidélité au Maréchal Pétain comme la plupart de ceux qui y étaient contraints, il renseignait les Alliés par l'intermédiaire de différents réseaux de résistance, soutint son ami le général Giraud dans son évasion jusqu'en Algérie.
Du fait qu'il avait été nommé adjoint au maire par Vichy, il eut quelques déboires avec la résistance locale, rapidement réglés.
Les Américains firent appel à lui, lors de la bataille des Ardennes à l'hiver 1944/1945, pour qu'il leur explique comment neutraliser la ligne Maginot ou comment s'en servir. C'était une portion qu'il connaissait bien pour l'avoir construite en grande partie. Son intervention leur permit de réduire les poches ennemies restées actives.
Charles Griveaud est décédé le 31 juillet 1956 à Digoin.

