Toulon-sur-Arroux - Sur la route des abolitions.
Profitant de la convocation des Etats généraux lancée en août 1788 , les communes françaises ont inscrit leurs revendications dans les cahiers de doléances .
Dans le cahier de la paroisse de Toulon-sur-Arroux, à l'initiative de son maire, Jean-Philippe Saclier, avocat au Parlement de Bourgogne, esprit libéral et éclairé, on trouve un appel visionnaire à la solidarité des Nations pour éradiquer l'esclavage.
Dans l'article 10 de ce cahier, se trouve une revendication d'une grande portée, visant l'esclavage, la traite, et l'abolition universelle de celle-ci au moyen d'un accord international, en ces termes:
«
Que sous l'empire français, il ne reste aucun vestige d'esclavage
!
Que la mesure de la fortune publique ne se calcule plus
sur le nombre des malheureux !
Enfin que l'esclavage soit
aboli dans les colonies, que la nation renonce pour toujours à la
traite des nègres, et que le Roi, suivant le mouvement de son coeur,
daigne inviter toutes les nations à abjurer ce monstrueux commerce,
par un pacte général que l'Humanité réclame. »
Ce cahier de doléances avait un temps disparu et fut retrouvé il y a quelques années grâce à l'Association des Amis des Antilles de Montceau-les-Mines. Quelle ne fut pas la surprise des chercheurs en s'apercevant que les habitants de cette petite commune se souciaient du sort des esclaves, petite commune qui semblait si éloignée dans son terroir charolais de ce fléau mondial.
Ainsi, Toulon-sur-Arroux fut ajoutée à la listes des pôles mémoriels constituant la route des abolitions et le 10 mai 2014, une stèle fut inaugurée face aux écoles de la communes. L'article 10 du cahier de doléance du 17 mars 1789 y est gravé.
Depuis, chaque année, une cérémonie s'y déroule le 10 mai, journée commémorative de l'abolition de l'esclavage.
Ainsi, ce vendredi, de nombreuses personnes se sont rassemblées devant cette stèle. Parmi elles, on notait la présences de personnalités telles que:
- M. Jérôme Gutton, préfet de Saône-t-Loire,
- Mme Hélène Geronimi, sous-préfète de Charolles,
- Mme Marie Mercier, sénatrice,
- Mme Josiane Corneloup, députée de la 2° circonscription,
- M. Dominique Lotte, conseiller départemental et maire de Gueugnon,
- MM. Rhéty et Myfkowski, du comité Creusot-Montceau de la Légion d'Honneur,
- Mme Christiane Mathos, présidente de l'association « les amis des Antilles", accompagnée de représentants des pays d'Outremer,
- les maires et conseillers municipaux de Perrecy-les-Forges, Uxeau, Montceau, Toulon mais aussi de Saint-Point et Milly-Lamartine, autres lieux mémoriels.
- sapeurs pompiers, anciens combattants, élèves des écoles et leurs enseignantes, etc...
Vint le temps des discours dans lesquels M. Bernard Labrosse, maire de Toulon, Mme Mathos, M. Lotte, Mme la sénatrice, Mme la députée et M. le préfet ont tour à tour rappelé l'historique de l'abolition, citant Alphonse de Lamartine et Victor Scoelcher (homme politique français qui lutta contre l'esclavage et obtint l'abolition en 1848), s'adressant aux enfants présents, "dignes héritiers des Toulonnais de 1789".
Mais tous ont aussi mis en garde contre les formes modernes de l'esclavage: trafic de personnes, prostitution forcée, etc...
Un texte de Lamartine fut lu par une élève.
Les élèves de l'école élémentaire ont alors dansé sur 2 airs antillais, puis des membres du groupe Gospel Young Sisters ont interprété de façon émouvante des airs connus comme "Amazing Grace".
Après une Marseillaise reprise par l'assistance, tout le monde est allé visiter l'exposition des travaux réalisés par les élèves sur le thème de l'esclavage et des cahiers de doléance.
Durant cette visite, une idée est née, proposant une correspondance entre les élèves des pôles mémoriels de Toulon et Saint-Point.
La matin s'est terminé par un vin d'honneur en mairie. Et la pluie avait gentiment retenu ses gouttes le temps de la cérémonie !