Navigateurs du Morvan.

12/08/2020

 Bien que l'Autunois-Morvan ne soit baigné par aucune mer ni océan, nombreux sont les Morvandiaux qui se sont lancés sur les flots, pour des raisons militaires ou par amour de la botanique.

Parmi ceux-ci intéressons-nous aujourd'hui à une famille autunoise, issue de la Chapelle-sous-Uchon.

Jean-Baptiste Leblond

Né à La Chapelle en 1767,formé au collège des Jésuites d'Autun, il embarqua pour la Martinique en 1766, à la veille de son dix-neuvième anniversaire. Son apprentissage médical se fit d'abord sur le tas, chez l'ancien chirurgien de la colonie qui l'hébergea, puis surtout chez le Dr Johnston à Saint-Vincent (1767-1768). Passé ensuite dans l'empire espagnol, il y pratiqua la médecine à la Grenade, où il introduisit l'inoculation (1770-1773), à Trinidad (1774-1775), au Vénézuela et au Pérou, avant d'obtenir ses grades à Lima (1778-1781) et à Bogota (1784).

De ses dix-neuf années de pérégrination en Nouvelle-Grenade et au Pérou, il rapporta en France 250 livres de platine, qu'il offrit au roi et aux savants, car ce métal de découverte assez récente et non encore commercialisé par les Espagnols, restait rare et mal connu. Ce métal servira à la réalisation du mètre étalon déposé aux Archives de l'Empire le 22 juin 1799,

Il présenta des communications à la Société royale de médecine, à la Société d'agriculture et à l'Académie royale des sciences, proposant de repartir chercher du quinquina en Guyane pour libérer la France du monopole espagnol sur celui du Pérou, seul fébrifuge connu contre le paludisme. Aussitôt élu correspondant de ces académies, il fut nommé médecin naturaliste par Louis XVI (1786).

Leblond repartit en mission officielle à la recherche du quinquina (1787), mais après avoir fait de nombreux voyages avec son fils, c'est avec son neveu Hippolyte Nectoux qu'il repart. Il visitera le haut Maroni et remonta les fleuves guyanais jusqu'aux sources de l'Oyapock (1789), expédiant à Paris non seulement des mémoires d'histoire naturelle, géographie et ethnographie, mais aussi un grand nombre de plantes, d'insectes et d'animaux.

La Révolution trouva Leblond en Guyane. Relevé de sa mission, il acquit une habitation en 1790 au « quartier Leblond », près de Cayenne, au moment même où commença sa brève carrière politique. Député à l'assemblée de la colonie (juillet 1790), il fut avec Mathelin si favorable aux idées nouvelles, que le gouverneur Bourgon les expulsa à la demande des colons.

Disculpé par l'Assemblée constituante, Leblond y dénonça les privilégiés de Guyane. Retourné dans la colonie sous la Convention, il exerça, à partir de janvier 1793, des charges judiciaires (président de tribunal et accusateur public) et politiques (président et secrétaire de l'assemblée coloniale).

À cette époque, botaniste de la colonie par intérim, Leblond développa à la plantation nationale de « La Gabrielle », à Roura (Guyane) les cultures tropicales et les « arbres à épicerie » récemment introduits des îles des Mascareignes,

En janvier 1802, il accompagna, comme scientifique, la frégate La Mouette, envoyée au Para (Brésil) par Victor Hugues pour explorer le territoire contesté avec le Brésil portugais.

Après l'échec de cette mission, il rentra en France avec son fils aîné, avec deux objectifs et un leitmotiv : être élu à la première classe de l'Institut national, publier ses voyages et promouvoir la mise en valeur de la Guyane. Il échoua dans les trois cas. Malgré les nombreux mémoires qu'il soumit à l'Institut, notamment sur l'acclimatation de la vigogne (1809), il n'obtint pas le siège de Parmentier.

Des quatre volumes annoncés de son Voyage aux Antilles et en Amérique méridionale, il n'en publia qu'un seul en 1813, suivi d'une Description abrégée de la Guyane française (1814).

Il décédera à Cuzy en 1802.

Revenons maintenant à son neveu,Hippolyte Nectoux, né à Autun le 8 mai 1759 et fils d'un jardinier de l'évêché, il parcourra durant 16 ans l'Amérique avec son oncle Leblond.

Lui-même botaniste du roi en 1788, il sera nommé à la fin de la même année directeur ds jardins du roi à Saint-Domingue.

Rentré en France en 1797, il participa à l'expédition d'Egypte l'année suivante avec Bonaparte,.

Il parcourt aussi la Nubie où il découvre le séné sauvage aux vertus purgatives et il introduit les premières pommes de terre en Egypte.

Il publie des ouvrages dont « Voyage dans la Haute-Egypte, au dessus des cataractes » (1809)

En 1812, il est à Rome avec l'empereur Napoléon pour créer les jardins coloniaux et planter 30 000 arbres, faire des essais sur l'indigo, le coton, le séné et des arbres fruitiers. Le pape Pie VII lui attribue l'ordre de l'Eperon d'Or.

Il meurt le 9 juin 1836 à Montrouge ;