L'Ecole Militaire d'Autun dans la Résistance.

16/06/2021

Tout d'abord séminaire dès 1675, les bâtiments qui abritent aujourd'hui l'Ecole Militaire d'Autun, ont connu une histoire agitée.

A la révolution de 1789, les séminaristes furent chassés et le lieu fut tour à tour un hôpital pour galeux, un magasin de grains et fourrages, une prison pour soldats autrichiens puis espagnols et enfin, à nouveau un séminaire,

C'est en 1885, que naquit le projet d'y installer une école militaire préparatoire de cavalerie,

La première rentrée des élèves se fit en octobre 1886, Ceux-ci étaient généralement des fils de militaires,

Lors de la Première Guerre mondiale, les « enfants de troupe » d'Autun ont été envoyés pour rejoindre leurs aînés sur le front. Ils payèrent un lourd tribut puisque 154 d'entre eux sont morts au champ d'honneur.

Le 16 juin 1940, avec l'arrivée des troupes allemandes en Bourgogne, c'est la débâcle , Les longues colonnes de gens fuient sur les routes. C'est l'exode !

Autun est déclarée ville ouverte. L'Ecole militaire préparatoire reçoit l'ordre de repli vers 19 h,

150 élèves sur 700 s'entassent dans des camions en direction de Moulins (près de Tulle). Les autorités se mobilisent pour défendre des positions aux alentours afin de faciliter leur fuite mais aussi pour détruire les codes et les documents secrets, Un groupe d'élèves, accompagnés de soldats et de sous-officiers quitte la ville en pleine nuit, à 20 h, 30, mais il s'agit uniquement de cavaliers,

Ce produira alors un des premiers actes de résistance à l'occupant. Sous les ordres de l'adjudent-chef Grangeret, surnommé « Le Lion », les enfants de troupe s'illustreront près de Toulon-sur-Arroux.

Ayant repéré l'arrivée d'une colonne (le 17 juin vers 4 h, du matin), ils montent une embuscade dans un virage après avoir dissimulé leurs chevaux, Les soldats visent les conducteurs des camions et les pilotes de side-cars. Leur action est efficace puisque quatre pièces d'artillerie basculeront dans le ruisseau du Pontin. Immédiatement, la troupe de cavaliers reprendra la route et franchira la Loire à Digoin.

Du 16 au 26 juin, ils se dirigent en direction de la Corrèze

Pendant ce temps, les bâtiments de l'école militaire d'Autun continuent de voir passer l'Histoire. Ainsi, le 19 juin, alors que les combats ont cessé en Bourgogne, la Kommandantur exige 5 otages pour garantir l'ordre à Autun, Le maire, le docteur Renaud a le triste privilège de les choisir. Les Allemands refusent sa propre candidature ; un abbé, un juriste, deux industriels et un commerçant seront logés à l'école militaire avec le droit de circuler dans les jardins... Heureusement pour eux, las Allemands décident de les relâcher le lendemain.

Le séjour des enfants en Corrèze sera bref puisque le 26 août 1940, l'ensemble des élèves, professeurs et militaires se dirige vers Valence dans la Drôme.

Des travaux seront aussitôt entrepris pour emménager les locaux, pour préparer au mieux la rentrée. Quelques jours plus tard, le 15 septembre, l'école se verra restituer son drapeau par le directeur de l'infirmerie, qui était resté sur Autun.

Le 21 octobre, l'école préparatoire d'Autun perd son statut militaire et prend alors la dénomination d' «Ecole d'Autun ». Tout le personnel encadrant est démilitarisé, sauf des cadres de l'Armée de l'armistice tels que le commandant de l'école, son officier adjoint et un sous-officier chargé du service général. L'effectif de 530 élèves est très vite abaissé à 450 en raison d'engagements successifs.

Mais revenons une fois encore à Autun. En novembre 1940, l'état-major allemands exige pour améliorer le confort des soldats de la Wehrmacht, installés à l'école militaire :

- 20 tables

- 160 chaises

- 160 armoires

- 18 lampes

- 640 draps

- 320 taies d'oreiller

- 20 nappes.

L'arrivée de sous-officiers suscitera des exigences plus grandes encore avec fauteuils de cuir, tableaux, tapis, tables de jardin et parasols.

En janvier, à Valence, en 1941, la rentrée s'effectue comme prévue, sans encombres. Comme l'effectif de l'école est inférieur à celui pour lequel l'établissement est organisé, le 26 novembre, une rentrée d'élèves complémentaire est réalisée. Elle comprend une division des élèves en classe de primaire supérieure ainsi que 85 élèves admis à la suite du concours de 1940. Ces élèves forment alors 2 classes de 1ère année, remplaçant les classes auparavant supprimées.

En octobre 1942, l'école d'Autun devient alors « Etablissement d'Education d'Autun », dorénavant, elle sélectionne les enfants de troupe.

En novembre 1942 eut lieu le démantèlement de l'armée confirmant le maintien de l'école en établissement civil. A ce moment précis, le commandant de l'école et le commandant en second sont tenus d'adopter les titres civils de directeur et de sous-directeur. Sur cette lancée, toutes les manifestations à caractère militaire sont interdites.

Les élèves ont du 23 juin 1943 au 2 juillet au matin pour quitter le quartier Charreton. Ils sont alors envoyés en vacances dès la fin des examens du bac et ce, en raison de l'incertitude du lieu et de la date pour la rentrée.

Le 18 septembre 1943 est prescrite l'installation de l'établissement au camp de Thol, dans l'Ain.

Le 21 septembre un premier détachement d'élèves y est installé puis le 5 octobre le directeur s'y fixe.

Dans l'année scolaire de 1943 à 1944, les autorités d'occupation ont prescrit la suppression définitive des établissements d'éducation de la Défense et remplacent les postes militaires par des civils.

Le 3 mai 1944, l'école est dissoute. Les plus jeunes élèves retournent dans leur famille. Les plus grands rejoignent en masse le maquis de l'Ain et du Haut-Jura,, Les enfants de troupes sont placés sous le commandement du lieutenant Gambier, « Augé » puis du lieutenant Signori, « Mazaud » et incorporés au Groupement Sud des maquis de l'Ain.
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Ils participeront aux nombreux combats de la libération, en particuliers :

- le 4 mai 1944, à un coup de main sur l'intendance militaire d'Ambronay,

- le 6 juin 1944, dans l'attaque de la gare d'Ambérieu-en-Bugey aux côtés d'Henri Girousse,

- 11 juillet 1944, dans l'affrontement violent avec les troupes allemandes à Neuville-sur-Ain. Parmi eux, Bernard Gangloff (héros de la résistance, dont le nom sera porté par un quartier du Lycée militaire d'Autun) est grièvement blessé et décède le 14 juillet 1944,

- du 31 août au 3 septembre 1944, engagement des enfants de troupe dans les combats de Pont de Chazay, la Valbonne-Meximieux (11 tués, 15 blessés)

. Enfin, le 8 septembre 1944, sans attendre l'armée régulière, les résistants du groupe Valmy attaquent Autun au petit matin, sous la pluie. L'attaque échoue et les Allemands fusillent 25 hommes du bataillon Pietro. Dans l'après-midi, les premiers blindés et des combattants FFI débarquent et le samedi 9 septembre, les libérateurs pénètrent dans la ville, l'école est libérée.

Le dimanche 10 septembre, une troupe allemande s'approchant d'Autun est durement frappée. Ceci marquera la libération définitive de la ville. Et les cours reprennent alors dès le 15 décembre 1944.

Le lycée militaire de l'Ecole d'Autun du camp de Thol a obtenu la médaille de la Résistance pour l'action de ses élèves aux côtés des maquis de l'Ain. Citation à l'ordre de l'Armée de l'Ecole militaire d'Autun le 23 juin 1945 par le Général De Gaulle pour sa participation à la bataille de Meximieux.