La vague de froid de 1709.

07/01/2021

En 1709, l'Europe fut balayée par une vague de froid exceptionnelle qui amena une grande famine.

Celle-ci débuta dans la nuit du 6 au 7 janvier.

Alors que les conditions climatiques avaient été plutôt douces durant la période des fêtes de fin d'année + 11 degrés en moyenne de Noël au 5 janvier), avec de bonnes pluies, le jour de l'épiphanie fut agréable et ensoleillé. Mais dans l'après-midi, une forte bise se leva.

Dans les dernières heures du jour, le froid devint cinglant. La végétation qui après les températures douces des dernières semaines avait connu une certaine montée de sève, en quelques heures se transforma en glace. Les campagnes n'étaient plus que terre stérile, le blé pourrissait. Les noix furent perdues. 

Les rivières et les fleuves gèlèrent brutalement, les campagnes se transformèrent en champs de glace et les maisons en glacières. Tout gèla, l'eau dans les puits, le vin dans les caves, les pots sur le feu. Le verre dans lequel on buvait prenait aux lèvres, le pain gelait sous les couettes des lits. Le froid paralysa toute activité : Plus de commerce à cause du temps, l'encre gèlait au bout de la plume"

On vit alors le spectacle désolant de gens parcourant les champs, creusant et fouissant la terre dans l'espoir d'y trouver quelques grains, pas encore germés. La température descendit jusqu'à - 23°.

Le prix du blé grimpa immédiatement à des prix excessifs, ceux qui en avaient en réserve ne voulurent pas le vendre et le cachaient, déclenchant une terrible famine.

Cette période catastrophique, entrecoupée de brèves séquences de redoux,  s'étendit jusqu'au 5 février. On compta 6 vagues de froid jusqu'à la mi-mars.

Pour échapper à la mort, les habitants des campagnes parcouraient les bois, les campagnes cherchant les herbes ou de quoi subsister. Même les coquilles de noix devinrent un mets de choix ! Nombreux sont ceux qui moururent de froid et de faim. 

Les habitants des villes s'organisaient en bandes pour aller assiéger les maisons des campagnes où, pensaient-ils du blé était caché. La faim conduisit les paysans et les bûcherons à détrousser les voitures transportant des marchandises. Plusieurs furent exécutés, leur corps exposé le long des chemins.

Dans le Morvan, le pain de fougère devint la nourriture quotidienne, accompagné de glands.

La faune fut elle-même cruellement frappée.

Selon plusieurs témoignages, les sols restèrent gelés jusqu'à la mi-avril ! Le dégel entraîna ensuite des crues qui accrurent encore la misère, empêchant le ravitaillement des villes et villages..

En avril, une ordonnance royale obligea les détenteurs de grains à déclarer leurs réserves. Pour faire face à la situation, les riches sont taxés et les municipalités sont contraintes d'organiser des distributions de vivres aux nécessiteux.

Le soleil de retour, les paysans semèrent à nouveau, mais le froid revint début juin !

Les épidémies s'ajoutant à la famine, dans de nombreux villages, la population fut réduite de plus de la moitié. Les jeunes enfants payèrent le plus lourd tribut. Certains hameaux devinrent des déserts. Les bandes affamées pillaient à tout va. En France, on pense que 600 000 personnes sont décédées durant cette période.

Le pays connut une crise financière sévère et l'impopularité de Louis XIV gagna le peuple.