Canalisation de l'Arroux - Une utopie vieille de cinq siècles.

17/07/2022

 Fondée par les Romains, au début du règne de l'empereur Auguste, capitale gallo-romaine des Éduens, évêché dès l'Antiquité, Autun a été jusqu'à la fin du XVe siècle une cité prospère et un centre culturel influent, en dépit des pillages et des invasions.

Cependant, cette notoriété fut mise à mal à plusieurs reprises.

Au XII° siècle, l'édification de l'abbaye de Vézelay pour y abriter les reliques de Marie-Madeleine provoqua l'afflux des pèlerins vers ce joyaux d'architecture. Le commerce autunois en souffrit beaucoup et la ville risquait de perdre son statut de phare religieux de la région.

La construction de l'église Saint-Lazare (qui ne deviendra cathédrale que beaucoup plus tard) fut la riposte pour sauver commerces et réputation. Autun resta siège de l'évêché.

Une seconde menace arriva au XVII° siècle avec le projet de creusement du Canal du Charolais (qui deviendra ensuite Canal du Centre). Celui-ci devait favoriser les cités industrielles de Gueugnon et du Creusot. 

A l'époque la navigation fluviale avait une grande importance, mais dans notre secteur, le seul accès à Paris, par la Loire, se situait au port de Digoin, éloigné de toutes les villes industrielles et commerçantes. Les marchandises voyageaient donc, à grands frais, par la route.

La réponse autunoise fut un peu la même que précédemment : rendre l'Arroux navigable.

Ceci permettrait d'acheminer vers la capitale éduenne toutes les denrées et tous les matériaux qui pourraient faire d'elle une ville industrielle et commerciale. On dit que les Romains y avaient déjà songé. L'Arroux avec ses 120 km aurait pu relier la Loire à Autun.

Le 20 août 1581, les Etats de Bourgogne furent amenés à délibérer sur une requête en ce sens des habitants d'Autun.

En 1612, on versa à un entrepreneur la somme de 800 000 livres pour réaliser une conjonction des 2 mers par la Dheune, la Bourbince et l'Arroux. Mais ces fonds furent divertis lors des troubles de l'époque : assassinat d'Henri IV, guerres de religions, Concini, etc.

En 1664, l'évêque d'Autun, Louis Dini d'Attichy envoya un mémoire sur le sujet de cette canalisation à Colbert.

En 1671 encore, son successeur Gabriel de la Roquette fit la même démarche.

En 1728, le marquis de Latour-Maubourg, qui venait de fonder la forge de Gueugnon relança l'idée et entreprit la canalisation de Digoin à Toulon-sur-Arroux. Mais devant la présence de rochers énormes obstruant le cours d'eau, il fit creuser un canal à côté de la rivière, aujourd'hui appelé « rigole de l'Arroux ».

Mais vu les sommes engagées jusque là (40 000 livres), le marquis ne poussa pas plus en amont les travaux de canalisation.

Encouragés par ce que ces travaux apportaient à l'industrie de Gueugnon et des communes voisines, les élus d'Autun firent établir un nouveau projet en 1775,

Le sous-ingénieur Joseph-Pierre Antoine, assisté par son frère Antoine Antoine, dressa des plans prévoyant un travail colossal et qui en fin de compte ferait arriver cette canalisation dans un cul-de-sac à Autun. Poursuivre le creusement vers Arnay-le-Duc et la ligne de partage des eaux de la Loire et de la Seine serait une entreprise titanesque.

Cependant, les autorités régionales donnèrent leur accord de principe à ce projet, mais le financement serait en totalité à la charge de la ville d'Autun. Il y avait une estimation de 240 000 livres pour réaliser ces travaux, somme qui ne put être rassemblée, d'autant qu'à cette époque, de grands travaux avaient débuté à Autun (rue de Paris, rue de l'Arquebuse,...)

Régulièrement cette idée de canalisation revint sur le devant de la scène.

En 1841, le Conseil Général demande au gouvernement de se pencher sur le sujet.

En 1901, on ressort les projets des cartons, mais l'arrivée des voies ferrées, des camions puis des autobus les firent retourner d'où ils venaient.