Au bon vieux temps....
Au bon vieux temps des sabotiers:
On situe la naissance du sabot de bois au XV° siècle. A l'époque, les sabotiers vivaient dans les forêts, comme les bûcherons et les charbonniers, sur les lieux de la coupe des arbres.
Peu à peu, ils tinrent une échoppe dans les villages où il se firent livrer le bois et chaque bourg eut son fabriquant de sabots.
Le travail ne manquait pas car tout le monde, du moins en campagne, avait besoin de sabots: adultes et enfants, pour les labours, le jardin, la basse-cour, aller à l'école et à l'église, à l'usine, etc. On dit qu'un ouvrier usait en moyenne 6 paires de sabots par an. Les cailloux, le gel, l'humidité, les glissades hivernales des écoliers, tout cela provoquait l'usure.
Et puis, il y avait les sabots de cérémonie, comme par exemple les sabots de mariage, décorés de glands, symboles de fécondité.
Le travail ne manquait donc pas ! D'ailleurs, par autarcie, de nombreuses familles comptaient un sabotier parmi elles, et on se passait le savoir-faire de père en fils.
Selon les régions et selon l'usage que l'on faisait des sabots, les essences de bois étaient intelligemment choisies;
- le bois de hêtre est lourd, résistant et se tourne bien,
- le bouleau est léger et durcit en séchant,
- le peuplier est idéal pour les milieux humides car il ne glisse pas. Les mariniers l'utilisaient,
- le noyer était réservé aux client riches,
- le tilleuil, l'orme, l'aulne étaient également utilisés.
Par contre, le chêne et le frêne, beaucoup trop lourds et le sapin et le pin, trop perméables, n'étaient pas prisés par les sabotiers.
Pour fabriquer des sabots, il fallait d'abord scier une bûche en "carrelets" (parallélépipèdes simples grossièrement ébauchés à la hache). Puis avec l'herminette, on dégageait le talon. Le paroir (lame tranchante) forme l'extérieur. Le creusage se fait à l'aide d'une tarière (vrille), puis d'une cuiller tranchante (la boutière ou la ruine).
Pour terminer le sabotier gravait à la gouge un motif qui était un peu sa signature. Et il ne lui restait plus quà fixer la bride. Pour ralentir l'usure des semelles, on pouvait les ferrer ou clouer des bandes de caoutchouc.
Généralement, le client achetait des sabots pour l'hiver un peu supérieurs à sa pointure afin d'y ajouter une garniture de paille ou de les doubler avec de bons chaussons.
Jusqu'à la guerre de 14, les sabotiers ont connu des années florissantes, mais par la suite, l'arrivée de machines, la construction de saboteries industrielles et surtout la naissance des bottes beaucoup plus pratiques, ont sonné le glas de la profession.
Aujourd'hui, les derniers sabotiers travaillent surtout pour le sabot de décoration, les groupes folkloriques, les reconstitutions historiques ou divers porte-bouteilles, pots de fleurs ou porte-clefs.