Au bon vieux temps des marchands de peaux de lapins.
Il n'y a pas si longtemps, dans nos villages et même dans les quartiers ouvriers de nos villes, chacun cultivait son petit jardin et élevait quelques poules et quelques lapins.
Le clapier était un peu le réfrigérateur d'aujourd'hui. Si un ami ou un cousin s'annonçait pour le repas de midi, il était rapide de cuisiner un lapin. C'était d'ailleurs souvent le plat du dimanche.
De plus, l'élevage des lapins n'était pas des plus coûteux: épluchures, mauvaises herbes du bord des chemins....
Généralement, les cuisinières tuaient elles-mêmes les lapins; elles saisissaient l'animal et après l'avoir assommé par un bon coup de bâton derrière le crâne, elles lui arrachaient un oeil afin de récupérer le sang dans un récipient.
Elles retournaient ensuite avec dextérité la peau, la retournaient puis la bourraient de paille pour qu'elle ne rétrécisse pas et la pendaient à un clou pour qu'elle sèche.
Restaurateurs et cuisinières attendaient alors le passage du marchand de peaux de lapins.
"Peaux ! Peaux de lapins ! Peaux !"
On l'entendait venir de loin, d'autant plus qu'il ponctuait ses cris de violents coups de trompe. Il examinait les peaux. annonçait le prix puis plaçait quelques pièces de monnaie dans la mains des vendeurs.
Ce chiffonnier ne prenait pas que les peaux de lapins. Chiffons, tissus, plumes, duvet, cheveux, cire d'abeilles, débris de métaux et peaux d'autres animaux faisaient aussi son bonheur.
Le chiffonnier, lorsqu'il avait un bon stock, revendait ces peaux à des tanneurs afin que ces derniers en fassent de belles vestes, de chauds manteaux, des bonnets et des moufles. On en tirait également une colle réputée en ébénisterie et dorure.