Au bon vieux temps des lavoirs.

27/01/2024

Au bon vieux temps des lavandières et des lavoirs.

On désigne par "lavandière" toute femme qui lavait le linge à la main. Les "laveuses" étaient, elles, des employées telles nos blanchisseuses d'aujourd'hui .

Nos grands-mères se rendaient au bord des rivières, des mares ou du lavoir quand le village en possédait un, véhiculant leur ballot de linge sur une brouette, armées d'une brosse de chiendent et d'un battoir.

À l'origine, le lavoir est une pierre plate ou une simple planche posée au bord d'un cours d'eau, d'une mare ou d'une source, sans abri. La lavandière s'agenouillait dans un « garde-genoux » c'est à dire une caisse tapissée de paille afin de rendre moins pénible la position.

Mais contrairement à une représentation très répandue, les lavandières ne s'y rendaient le plus souvent pas pour laver le linge, mais pour l'y rincer. Le passage au lavoir était en effet la dernière étape avant le séchage.

Comme le lavage ne consommait que quelques seaux d'eau, il pouvait avoir lieu dans les habitations ou les buanderies où le linge s'accumulait avant la "grande buée" ou " grande lessive", mais le rinçage nécessitait de grandes quantités d'eau claire, uniquement disponible dans les cours d'eau ou dans une source captée.

La lessive, dans l'habitat même, posant de nombreux problèmes (vapeur humidifiant les murs, écoulement de l'eau), le linge n'est alors lavé que deux fois par an (la lessive devient mensuelle dans les années 1900 et hebdomadaire dans les années 1930), les moins fortunés gardant leurs vêtements jusqu'à complète utilisation ! 

Ces « grandes lessives », appelées « buées », étaient des grands événement dans les fermes et duraient généralement trois jours: - le premier, le linge est immergé dans d'énormes baquets de bois pour un premier décrassage, 

- le deuxième, le linge est lessivé dans ces mêmes baquets ou d'autres cuves, recouvert d'une toile sur laquelle on pratique le coulage, c'est-à-dire le versement de l'eau bouillante à l'aide d'un récipient à long manche sur une épaisse couche de cendres dont le carbonate de potasse constitue un excellent agent nettoyant.

- le troisième, le linge est rincé et essoré au lavoir. La quantité de travail est telle que souvent, les nièces et cousines sont conviées à venir aider. Il était même parfois nécessaire d'embaucher des laveuses.

Au lavoir, les femmes jetaient le linge dans l'eau, le tordaient en le pliant plusieurs fois, et le battaient avec un battoir en bois sur la pierre afin de l'essorer le plus possible. En général, une solide barre de bois horizontale permettait de stocker le linge essoré avant le retour pénible en hotte, brouette, carriole ou charrette vers le lieu de séchage. 

Après toutes ces journées de travail, le linge était étalé sur le pré le plus proche, surtout sur la luzerne. On pouvait aussi l'étendre sur un fil tendu dans la cour de la ferme.

Les lavoirs avaient une importante fonction sociale. Ils constituaient en effet un des rares lieux où les femmes pouvaient se réunir et discuter. Ce lieu de labeur éprouvant était aussi l'endroit où s'échangeaient confidences et secrets, plaisanteries et moqueries. On s'y transmettait également des chansons. Le lavoir était aux femmes ce que le cabaret était aux hommes.

L'activité de nettoyage du linge était physiquement très difficile. Aussi, le fait de la pratiquer de façon collective la rendait plus facilement supportable...

Des conflits surgissaient également parfois. L'échange ou la disparition de draps ou de vêtements ont sans doute amené la tradition de broder des initiales sur le linge de la famille.

L'arrivée de l'eau courante dans les foyers se généralisa après guerre, puis l'achat de machines laver ont amené les lavandières à délaisser les lavoirs.